Que sont ces thérapies ?

HYPNOSE ERICKSONIENNE - EMDR - THERAPIES BREVES - THERAPIE NARRATIVE

HYPNOSE ERICKSONIENNE

   « L’hypnose, c’est ce qui arrive à l’humain quand il arrête de faire » François  Roustang

   L'hypnose est un état de conscience particulier, dans lequel le soin s'appuie sur les ressources de l'inconscient que cet état libère.

   Nombre de personnes qui me consultent ont une certaine peur de l'hypnose : familiarisés à l'hypnose de spectacle, ils croient que c'est ce que nous allons faire. Il n'en est rien.
   Je pratique l'hypnose éricksonienne pour le soin : pas pour s'amuser d'une expérience particulière, et encore moins pour vous donner en spectacle. La ou les séances visent la guérison d'un problème ou la préparation d'un évènement.

   D'autres personnes "ne croient pas" à l'hypnose. Ils font une confusion : il est vrai que chaque personne a sa manière à elle d'entrer en hypnose, et que nous tâtonnons parfois pour trouver la bonne. Mais nous la trouvons toujours. L'état hypnotique est un état de conscience particulière que les neurosciences ont désormais bien identifié, en IRM fonctionnelle notamment. Il n'y a donc pas lieu d'y croire ou de ne pas y croire : l'hypnose de soins est une sorte de rééducation - des neurones, comme la kinésithérapie est une rééducation des muscles et des articulations. Est-il impératif de "croire" à la kinésithérapie ?
   Cette confusion vient souvent des faits suivants : pour obtenir un effet thérapeutique, il n'est aucunement nécessaire d'obtenir un état de sommeil apparent, comme cela se fait en hypnose de spectacle. Pour son show, un hypnotiseur choisit soigneusement parmi ses spectateurs, des personnes particulièrement suggestibles (c'est à dire qui entrent très facilement et très rapidement en hypnose). Ces personnes constituent 10 % de la population : heureusement que l'hypnose de soin ne se limite pas à seulement 10 % de la population ! En hypnose éricksonienne, nous obtenons d'aussi bons résultats à partir d'état hypnotique légers que de transes profondes.

   Enfin, l'idée court que l'hypnose fait remonter des expériences traumatisantes. Certaines personnes espèrent cela, d'autres le redoutent. Il arrive que cela se produise. Je parle à et avec avec la personne en état d'hypnose pendant sa transe. Je suis attentive à ce qu'elle est en train de vivre, et je la guide de sorte à ce que rien d'affreux ne se produise.
   C'est vrai que de faux souvenirs peuvent être créés par un.e hypno-praticien.ne pendant une transe hypnotique, et c'est donc important de s'assurer de l'engagement éthique d'un.e thérapeute. Pour ma part, je suis médecin, j'ai exercé l'endocrino-gynécologie pendant 35 ans, en nord-charente les 15 dernières années  : j'ai voué ma vie au soin.


EMDR

 

   "Eye mouvement desensitization and reprocessing" pourrait être traduit par : reprogrammation neuronale par les mouvements oculaires. Il s'agit d'une technique de traitement psychique par des mouvements oculaires alternatifs mise au point en 1972 par une psychiatre américaine, le Dr Shapiro. Cette technique a fait les preuves de son efficacité, notamment dans le Stress Post Traumatique (SPT).

   Qu'est-ce que le Stress Post Traumatique ?

   Contrairement à ce que son nom indique, il ne s'agit pas d'un "stress" au sens commun - comme le stress d'avoir perdu ses clefs, par exemple. Il s'agit d'un état mental durable qui s'installe après un traumatisme (psychotrauma), que celui-ci soit unique ou répété.

   Le cerveau humain est conçu pour traiter les informations sensorielles, et les émotions qu'immédiatement elles engendrent. Ce traitement aboutit à des actions et à une mise en mémoire de l'expérience (dans la « mémoire autobiographique »). Ce n'est possible que dans les limites de ce à quoi la personne a été préparée dans son développement.

   Un traumatisme est possible chaque fois qu’arrive quelque chose pour quoi il n'y a eu aucune sorte de préparation : l'impensable. Quand cet impensable survient, l’intensité de son impact peut aller jusqu'à entraîner la mort. Cette confrontation avec le réel de la mort amène l’ensemble du cerveau à permuter pour un autre mode de fonctionnement : la personne « se dissocie », en particulier, ce qui signifie que sa pensée se coupe de son ressenti (perceptions sensorielles, émotions et sentiments). Le ressenti du traumatisme est alors confiné dans une mémoire particulière à laquelle le sujet ne contrôle pas l'accès (« mémoire traumatique »). Quand tout se passe bien, cette permutation dure moins de quelques mois. Au pire, soit elle devient permanente (psychose), soit elle est recherchée par la personne comme étant le seul mode d'existence supportable (addictions, délinquances, prostitutions). Tous les états intermédiaires sont possibles, associant :

  • des moments d'ouverture de cette mémoire traumatique (ruminations, cauchemars, flash-backs, sursauts, hypervigilance, réactions disproportionnées…jusqu’aux épisodes pseudo-délirants) ;
  • un évitement de toutes les situations susceptibles d'ouvrir la mémoire traumatique (volonté d'oubli, impossibilité de se rendre dans des lieux, de rencontrer certaines personnes,…jusqu’à la claustration volontaire) ;
  • et des conduites dissociatives évitant à la personne de se connecter à son ressenti (amnésie, respiration thoracique anti-physiologique, difficultés d'attention et de concentration, étrangeté à soi-même et aux autres, sentiment d'avenir bouché, ...).

   Si vous venez consulter pour un état évocateur de SPT :

- il est important de savoir que vous n'aurez pas à vous relancer dans le récit pénible des faits

- nous verrons ensemble s'il s'agit bien d'un SPT et où vous en êtes dans le processus de cicatrisation mentale de votre.s traumatisme.s

- nous pourrons commencer un traitement par EMDR dès que vous aurez touché un niveau de sécurité intérieure suffisant

- prévoyez un minimum de 3 séances.

 

THERAPIES BREVES

 

   L'expression "Thérapies Brèves" reste encore discutée dans le monde des soins de psychothérapie. Schématiquement, sont distinguées :

1 - les psychothérapies inspirées de la psychanalyse : elles reposent sur l'idée que, si la personne en souffrance comprend pourquoi elle souffre, alors elle cessera de souffrir. Dans ces psychothérapies, le.a thérapeute et la personne détaillent le problème, et explorent les expériences antérieures de la personne à la recherche de sa cause, en s'appuyant sur les connaissances des écoles de psychanalyse concernant l'inconscient humain. La totalité de la séance est un entretien sollicitant l'intellect et en particulier les capacités de mémoire et d'expression de la personne. Il a été reproché à la psychanalyse d'être inaccessible à de nombreuses personnes, et surtout d'être plus une école de connaissance que de guérison (comprendre, est-ce changer ?);

2 - Les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC), qui ont pris le contre-pied de la psychanalyse :  dans ces thérapies, c'est simplement le changement du comportement de la personne en souffrance qui est recherché. Ici aussi, la totalité de la séance est un entretien. Il a été reproché aux TCC un manque de profondeur, et de souvent déplacer un symptôme dans un autre;

3 - Les Thérapies Brèves forment le courant le plus contemporain de psychothérapies. De nouvelles écoles de psychothérapie sont nées dans le monde entier, et découvrent en se confrontant leurs points communs. Leurs t^tes de file sont souvent encore en vie. C'est leur convergence qui est désignée sous l'appellation Thérapies Brèves. Il s'agit de la Thérapie Systémique, du Dialogue Stratégique de Palo Alto, de la Thérapie Orientée Solutions, de l'Hypnose Ericksonienne et de l'EMDR quand elles ne sont pas réduites à un traitement symptomatique (de l'apparence de la souffrance plutôt que de sa cause), de la Thérapie Narrative,....Aujourd'hui, de nombreux thérapeutes, dont je fais partie, s'approprient le savoir-faire de plusieurs de ces écoles dans les approches qu'on dit alors "intégratives".

   Les Thérapies Brèves ont en commun le constat qu'on peut avoir tout compris de sa souffrance sans s'en être pour autant débarrassé.e. Elles se donnent pour objectif la guérison, au regard de quoi comprendre devient plus accessoire. Cette guérison passe par la réconciliation avec soi-même, malgré le scandale premier que la situation de souffrance apporte avec elle. Plutôt que l'intellect, les Thérapies Brèves sollicitent le ressenti : l'expression des émotions dans le corps, la mémoire des sens, les sentiments. Elles peuvent faire appel à des mouvements (type Qi Qong) en séance ou au dehors, et à des consignes à suivre en dehors des séances.

 

   Au-delà de ces querelles d'école, il faut savoir que le succès d'une thérapie dépend surtout :

- de la qualité de la relation que personne et thérapeute parviennent à établir entre eux;

- de l'intensité de la motivation de la personne à ce que les choses changent pour elle.

 

THERAPIE NARRATIVE

 

   La Thérapie Narrative nous vient de deux praticiens chercheurs : Mickael White (Afrique du Sud) et David Epston (Nouvelle Zélande). Elle est considérée comme une des approches les plus puissantes au sein des Thérapies Brèves.

   Notre civilisation nous amène à nous penser nous-mêmes comme une personnalité définie et définitive. Cela s’exprime ainsi : « Je suis quelqu’un de …timide », par exemple. Et nous considérons que cette personnalité conditionne profondément notre vie. L’école de pensée de la Thérapie Narrative pose au contraire que ce sont plutôt nos valeurs (exemple : honnêteté, amour,…), les intentions qui sont derrière nos paroles et nos actes (quel qu’en soit le résultat), nos compétences (savoir faire des crêpes, rabibocher nos enfants, etc), nos rêves, nos engagements moraux qui déterminent notre chemin de vie. En Thérapie Narrative, ce qu’il y a d’important dans l’identité de la personne est donc révélé par toutes les bonnes expériences de sa vie : relations, compétences acquises, réalisations. Partant de l’exploration de ces « ressources » souvent négligées face à un problème qui prend toute la place, la thérapie renforce l’identité préférée de la personne…jusqu’à ce que ses problèmes se trouvent résolus.

   Habitué.e aux approches inspirées par la psychanalyse, si vous venez me consulter, vous pourrez être étonné.e qu’une fois cerné, nous parlerons assez peu du problème qui vous amène. Les problèmes adorent qu’on parle d’eux : c’est une de leurs stratégies pour s’incruster ! Nous la déjouerons ensemble, comme toutes les autres.